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BED
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New lines ", troisième disque de Bed, est un album de voyage. Histoires
de route, envie de grands espaces, été en perspective.
Fermée la parenthèse chambriste de " The Newton plum " et " Spacebox
", albums à l'acoustisme ouvragé confinant au religieux. " New lines
" est un disque de pop, pulsatile, électrique.
Sur " String without name ", cassette inaugurale de 1996, une chanson
comme " The empty foxhole " (où Manuel Bienvenu était venu poser
quelques sons soufflés) ouvrait déjà les pistes uptempo ici foulées.
Benoît Burello s'y lançait dans un multi- instrumentisme naïf mais
convaincu, compilant avec hâte guitares et cornet, violoncelles
et lames.
Rencontres en cascade (Olivier Mellano, Jean-Michel Pirès, Nicolas
Courret), concerts dans la foulée (1998 : quatre guitare, deux batteries),
et puis retour au calme, envie de résonance.
" The Newton plum " (2000), hivernal et chambré, montrait Benoît
Burello légèrement groggy, se relevant à peine du choc " Mark Hollis
" de 1998. Enregistré maison au plus près du silence, la nuit de
préférence. La contrebasse et le piano de Burello à proximité des
fines peaux de Thierry Chompré, Olivier Mellano en pause de guitare
posant un bout d'archet, et Manuel Bienvenu une discrète harmonique.
Bois secs et voix liquide, piano dans la feutrine, le doigt sur
la buée, guettant la résonance, bois sec et puis bois vert, menuiseries
friables.
A la saison suivante, guitares de retour, " Spacebox " (2002) est
plus fringuant, et puis plus printanier. Avec Vincent Ferrand (contrebasse)
arrivé, Burello, Mellano et Pires s'en vont sur les routes d'Europe,
en ouverture de Calexico, quand même plus mariachi que Bed.
Octobre 2005, c'est maintenant " New lines ". Et les routes d'Europe,
justement : la Norvège, Ostende et les " montagnes hollandaises
", neuf road stories écrites en 2004, cette fois-ci en belle accointance
Burello-Mellano, avec en toile de fond l'autoroute, l'amour, le
rock allemand, les étoiles, la pop californienne et le vin du même
cru, un ballon violet, une poussière dans l'œil.
Six baguettes (Courret, Chompré, Pires) s'y partagent les peaux,
en un seul et même drumset crépitant, les guitares pavoisent, ici
joufflues et là efflanquées, le piano est travaillé au corps, micro
à même les cordes, amplifié, saturé, strident. Burello y retrouve
la basse électrique, un instrument commencé gamin, avec joie et
délices on dirait.
Et puis, douce évidence, cette rencontre avec Don Nino, et le retour
de Manuel Bienvenu du Japon, et de biens chauds présages de belles
aventures.
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