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DON NINO
"I
look younger than I do". C'est avec cette phrase que Don Nino, alias
Nicolas Laureau, s'adresse aujourd'hui à l'auditeur sur " On the
Bright Scale ", chanson titre de son deuxième album. Il faut bien
admettre que Nicolas Laureau a déjà une belle carrière derrière
lui. Fondateur du label Prohibited Records, il a commencé la musique
en 1989 avec le groupe Prohibition. C'est à la tête de cette formation,
où officiait aussi son frère Fabrice Laureau (connu sous le nom
de F.lor pour ses enregistrements de Yann Tiersen, Dominique A,
Shannon Wright et Dirty Three), qu'il a publié cinq albums et donné
des centaines de concerts dans les années 90 à travers toute l'Europe
et les Etats-Unis, partageant notamment la scène avec leurs amis
de Fugazi, The Ex et Blonde Redhead. Le groupe excellait alors dans
un post-rock derviche ouvert aux cultures et musiques du monde entier
(jazz, musique indienne, éthiopienne). Cette diversité se reflète
dans le nouveau projet qui suivra après l'arrêt de Prohibition en
1999, NLF3[trio], instrumental et éclaté, mariant sur deux albums
exotica percussive, tropicalisme discret, afro-beat en suspension,
krautrock léger et psychédélisme électronique, témoignant d'un goût
certain pour les musiques hybrides et les ambiances cinématographiques.
Don Nino est le troisième projet de Nicolas, officialisé en 2001
avec un premier album visionnaire de folk bruitiste intitulé " Real
Seasons Make Reasons ". Comme le souligne Richard Robert dans un
article des Inrockuptibles : " Avec ses sinuosités mélodiques, son
quadrillage acoustique et ses batteries nuancées, le disque ressemble
moins à un tête-à-queue esthétique qu'à un subtil changement de
perspective ". Nicolas confie alors : " Auparavant, je criais des
murmures, aujourd'hui, je murmure des cris ". Le second album, "
On the bright scale ", aérien et précis est sorti en octobre 2004.
Le songwriting folk bercé aux Nick Drake et Syd Barrett est agrémenté
des coloris tropicalistes de Caetano Veloso ou Tom Zé, parcouru
d'ondes contemporaines (structures éclatées, répétitions des phonèmes,
pianos sporadiques). Enregistré "à la maison" autour d'un piano
Pleyel central, le long de couloirs mnésiques ou au milieu de grandes
pièces boisées, ce nouvel album folk est intimiste et chaleureux
comme le lieu qui l'a vu naître, posant tons et couleurs sur des
chansons aérées, à l'introspection elliptique. Car les interrogations
existentielles du pater familias Don Nino, quoique toujours concomitantes
à la re-création d'une intimité, restent de formulations discrètes,
quand leur mise en scène se complexifie : piano et réverbération
naturelle omniprésents, touches psychédéliques (inversion des bandes
réminiscentes, électronique), percussions en textures, toy-pianos
ludiques et guitares sèches mais chaudes mélangent intériorité distancée
et granulosité précieuse. C'est à travers Don Nino que Nicolas a
également multiplié les collaborations et les rencontres : sur son
premier album, avec Shane Aspegren (Berg Sans Nipple, Bright Eyes,
Songs :Ohia) et Lori Chunberg ; et lors de concerts évènementiels,
en duo avec Sylvain Chauveau ou Erik Minkinnen. Il a constitué un
backing band de choix pour la tournée du nouvel album : Jean Michel
Pirès (Bed, Married Monk), Stéphane Garry (Domotic, Davide Balula),
Etienne Foyer et Benoît Rault (Morning Star, Ben Symphonic Orchestra),
et a récemment collaboré avec Françoiz Breut pour plusieurs morceaux
inédits.
Adepte de la scène, Don Nino se produit en solo ou entouré de musiciens.
Les tournées de ses deux albums l'ont emmené en Europe, au Royaume-
Uni et au Japon pour une centaine de concerts.Yann Tiersen a recemment
lançé l'invitation à Don Nino pour des premières parties de la tournée
de son nouvel album "Les Retrouvailles".
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